Un domaine à Vosne-Romanée : François Lamarche

Au fil des rencontres

publié le samedi 11 avril 2020 à 08h00

Un domaine à Vosne-Romanée : François Lamarche

 

Pas de grands jours (ndlr : les grands jours de Bourgogne qui devaient se dérouler du 9 au 13 mars 2020), et bien tant pis ou tant mieux ! Allons directement voir les domaines et vignerons ça prend juste un poil plus de temps... C'est tellement plus agréable et qualitatif ! Direction Vosne-Romanée, au diable l’avarice non ? Et chez un vigneron, ou plutôt des vigneronnes qui ont donné un nouvel élan à ce domaine connu et propriétaire d’un monopole exceptionnel.  

 

Les cousines Lamarche Nicole et Nathalie sont donc aux commandes du domaine, dont une des particularités est de posséder La Grande Rue, monopole incroyable au cœur des Romanée. Il faut bien l’avouer leur vin a eu ses hauts et ses bas, mais il faut également convenir du caractère exceptionnel de ce terroir dont la particularité est de n’avoir été classé en grand cru qu’à partir de 1992.  

 

Le domaine François Lamarche c’est donc 11,5 ha de Pinot repartis autour de Vosne-Romanée, et Nuits St Georges. Peu de village et beaucoup de vins en grand cru et premier cru. Les vignes d’un âge moyen de 45 ans sont cultivées de façon biologique depuis 2010. Labourre avec le cheval pour partie depuis 2015. Levures indigènes, un élevage bois modéré, selon les vins et selon les années, qui marque peu les vins. C’est donc Nicole en charge de la partie technique qui s’occupe de me faire déguster les vins et de présenter l’ensemble de son travail. Extrêmement élégante et funky en même temps dans un costume noir rayé de bandes rouges... on sent une certaine rigueur teintée de fantaisie... voyons donc les vins...

 

 

 

Nous ne dégusterons à mon grand dam pas les cuvées régionales ni l’aligoté mais tous les grands vins... je ne me plains aucunement mais attaquer par Vosne à 9:30 h c’est assez inhabituel :-)

 

Le Vosne Romanée 2018 est issu d’un assemblage de 5 parcelles de sols variés à tendance argilo-calcaire et exposés au levant. Le nez est fruité, fin et léger, avec un léger boisé, une partie est non éraflée selon le millésime. Sur 2018 très mur c’est le cas à hauteur de 20/25 %. La bouche souple, fraiche et légère met le palais en place pour la suite, très élégant, Bien.  

 

Les Chaumes 2018 issu de la partie basse et donc plus argileuse du secteur jouxte la mairie du village et devrait donner plus de puissance, ici le nez est plus minéral, tendu, la bouche est longue, fraiche et toujours très souple et délicate, joli vin, Bien +

 

Suchots 2018, terroir mythique du milieu de la pente, entre saint vivant et clos St-Denis de l’Echézeaux, 30 à 40 % de vendange entière. Ce vin aux notes terreuses et très expressif montre dès le nez une certaine densité, la bouche au d’abord assez dense est juteuse, avec une finale légèrement tannique, ce vin long et puissant annonce son potentiel. Bien ++

 

Les Malconsorts 2018, celui qui exprime pour moi une certaine idée du Pinot Noir, à l’inverse de ce que pensent beaucoup, et la vigneronne en premier, comme quoi… Un côté solaire en effet, ici. Une certaine décadence dans ce nez de cerise, teinté d’épices, toute l’expression d’un grand terroir à mon sens. En bouche la touche de la vigneronne ressort avec un vin souple et frais, aucun tanin ne ressortent, ça commence à devenir sérieux, Très Bien.  

 

L’Echézeaux, même proportion de vendange entière, un nez de poivre et à l’élégance rare sur ce cru, montre un peu plus de boisé et donc surement une matière plus marquée en bouche. Ce qui se confirme avec un vin absolument équilibré, à la matière présente mais délicate, très frais, avec une jolie longueur, la finale saline et minérale annonce de très grands vins à l’avenir, sur cette dégustation et ce cru que j’ai rarement aussi bien dégusté… Très Bien (+)

 

Le Clos de Vougeot montre un nez plus fermé et surtout plus marqué par le bois. Un peu de chauffe et de grillé. Nicole annonce que souvent un sur 2 goûte bien et l’inverse entre les vins et notamment les grands crus… aujourd’hui c’était l’Echézeaux… Bien ++

 

La Grande Rue, situé entre La Tache et La Romanée Conti, est un terroir en devenir finalement. Un nez fumé, très fumé mais pas par le bois, une fumée minérale, du clou de girofle, de la suie, puis de l’amande. J’ai rarement eu des arômes de ce type sur aucun vin. C’est bluffant, en bouche c’est juteux et élégant ! Un pinot très droit et très riche en milieu de bouche, avec une salinité salivante en finale, qui pousse, qui pousse… voici l‘étoffe d’un grand vin…   

 

Eh bien voilà une journée qui avait parfaitement commencée, et qui va se poursuivre avec de nombreuses autres dégustations (articles à venir).

 

Aucune déception ici, des vins de grande classe, une finesse et un travail consciencieux qui se sent dans les vins. Un domaine que je souhaitais mieux connaître et ce fut une belle découverte et révélation. On peut attendre de grands vins à venir car ce millésime 2018 très chaud n’était pas évident. Nicole et sa cousine ont su tirer leur épingle du jeu. Peut-être un bémol sur certains vins qu’on pourrait attendre encore plus haut. Mais récemment nous avons eu tant de déception sur des mythes alors je me contenterais de dire que c’est vraiment de très bon niveau ici, certainement en progression.

Cette Grande Rue notamment montre à juste titre qu’elle peut épater… A suivre donc !    

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