Un grand du Priorat : le clos Mogador

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publié le mercredi 04 mars 2020 à 08h00

Un grand du Priorat : le clos Mogador

Dans la foulée d’un grand vigneron le matin, j’enchaîne en traversant les collines fabuleuses du Priorat, l’Ermita d’Alvaro Palacios mythique parcelle à ma droite, et j’arrive chez un autre vigneron emblématique de la région, René Barbier Jr, fils de son papa Sr ! Pionnier de la viticulture haute couture de la région au Clos Mogador.

 

Pionnier également en termes de culture Bio, on a ici tous les éléments pour réaliser de grands vins : expérience, connaissance accrue du lieu et des vignobles, maitrise des sols, des contraintes, etc... La bonne adéquation entre les vignes historiques, le fameux clos. Pour revenir à l’histoire des 5 grands vignerons précurseurs de la région il faut envisager autour de Gratallops, des cirques qui s’enchaînent du nord au sud grossièrement, et des noms qui résonnent, dans l’Ordre, Ermita, Obac, Mogador, Erasmus, Martinet, Ite Missa Est !

 

L’histoire avec un grand H peut commencer et voici résumé celle des Barbier, qui depuis 1979 s’attellent à remettre en état des vignes difficiles à travailler, dans les pentes et les schistes locaux !

 

Le Grenache et le Carignan dominent, un peu de Xarel Lo, de Maccabeu et Grenache Blanc pour les blancs. Quelques résidus de Cabernet qui tendent à disparaître, et la Syrah qui tient encore un rôle important à la fois ici et dans la région. Le Lledoner Pelut va peu à peu également revenir dans les assemblages.

 

Sur 20 Ha, on ne fait ici « que » 50 000 bouteilles, dont 30 000 de Mogador et 8000 de Nelin...

 

Les Barbier s’installent en 1977, puis plantent entre 81 et 82, surtout Syrah et Cabernet

Le premier Clos voit le jour en 1989 ! L’Histoire est en marche, on plante désormais des Grenache et des Carignan issues depuis 2000 de sélections massales de vieux Grenaches.

 

La culture est simplissime, il faut surtout se méfier de l’oisillon, notamment sur Carignan. On souffre donc un peu aux périodes sensibles, sans brûler. L’application de souffre poudre en été peut aussi s'il fait très chaud brûler le feuillage de la vigne... Attention donc... et sinon, les sols sont travaillés au plus simple, cheval, mule, labour et puis c’est tout !

 

Ici la vendange comme les reste est très naturelle, on met dans de petites caisses, frigo pendant une journée puis en cuve. Zone très chaude le Priorat brûle rapidement l’acide malique, il faut donc être vigilant, et depuis 2006, uniquement les levures indigènes font le travail ! En revanche on souffre à 30/40 ppm, il fait chaud et on ne souhaite pas de déviance. Bio, Biodynamie...mais pas de risques inutiles... On y vient sur certaines cuvées mais pas à pas...

 

Nous dégustons de nombreuses cuvées sur fût. René Barbier Jr est un hôte incroyable ! Affable, disponible, et passionné ! C’est une des personnalités de ce métier que j’adore, il partage beaucoup !

 

 

Le Nelin 2018 sur Cuve est un petit ovni, il a fermenté durant 1 an, et son style oxydation en fait un de mes vins favoris de toute la Méditerranée ! Celui-ci est unique en son genre, un nez de réduction souffré mais un style oxydation léger en même temps, l’anis et le miel se mélangent ... La bouche est cependant assez nature, avec une belle salinité, peu gras et une jolie minéralité !  Issu de 4 parcelles et 8 cépages, surtout Grenache Blanc, c’est pour moi typé nature mais la limite se situe là, plus et j’’aurais trouvé le vin déviant. Bien +

 

Nelin 2019, Cuve, Grenache, Perdro Ximenez, Maccabeo, le nez est fermentaire, ah bon c’est curieux non ? Bon Gras et texturé ce vin à la belle acidité se déguste bien, jeune !

 

Mogador 2018, Foudre, Grenache Carignan, sur une année fraiche, une. Nez dense et profond, la bouche tapisse, grasse et riche, des fruits noirs en finale, c’est Très Bien

 

Nous dégustons un Lledoner Pelut de 80 ans, assemblé avec un peu de Carignan, en bonbonnes, le nez de mure, de graphite, de myrtille est une quintessence de ce grand terroir minéral de Priorat ! Long, précis, fin, salin, c’est grand ! Très Bien + la destination de ce vin est encore incertaine ???

 

Grenache sélection massale de 2000, vendange 2019, grappes entières, non souffré. Ce vin aux accents nature, frais et amusant au nez possède une bouche gourmande et fraiche, un vin au profil « amusant », « drôle », un vin qui sourit ! C’est typé nature, Bien +

 

El Vuit 2018, en verre, Carignan de 100 ans, le nez est une bombe de fruits noirs, mes notes disent FRUITS !!! La bouche possède une matière marquée, et un énorme fruit, c’est aussi un énorme vin, T Bien ++

 

Nous concluons avec une série de vins en bouteille,

 

Mogador 2016, le nez légèrement boisé, sent le pain et la levure c’est étonnant, la bouche à la pointe nature colle au palet, on sent le vin dans une phase difficile, le gras est là avec une richesse naturelle, le style maison, peu salin pour une fois. Pas en forme ce Mogador :(

 

Nelin 2016, le nez légèrement oxydation donne sur la noisette et le tilleul, avec une bouche tendue et fraiche, le gras est là en milieu de bouche, on a une belle longueur du miel et des notes de thé Earl Grey, j’aime ce style ! A table ! Bien ++

 

Le Com Tu.  Nouveau projet sur des argiles à 600 m d’altitude et juteux et floral, la bouche fruitée et juste tannique, se finit sur une belle buvabilité, un vin sudiste à boire ! Languedocien dans le bon style ! Bien

 

Espectacle 2016, fatigué, usé, ce vin ouvert depuis quelques temps bien que réglissé, sur la fleur d’oranger et le fruit se révèle massif et dense en bouche, massif, pas emballé non plus, un vin loin de son potentiel, bouteille trop longtemps ouverte...

 

Le 2005, Lledoner/ Carignan est une jolie surprise, un nez évolué, complexe de sous-bois, et d’herbes sauvages, garde une bouche à la fois dense et acidulée, frais et complexe, chocolaté, c’est très très long, minéral... un peu trop évolué à mon goût mais une belle bouteille à la fin de son apogée, Bien +

 

René Jr nous affirme que selon lui le Priorat doit être dense, riche, minéral et chaleureux en un sens pour représenter sa terre, sa région, son origine. Il aime les vins des terroirs argileux de Torroja par exemple, mais il préfère un style « typique » et moins Bourguignon...

En soit les 2 théories se complètent je pense. Les Mogador sont de grands vins locaux, nous avions cette année dégusté un Manyetes 2010, qui s’était révélé le meilleur vin de la soirée. Encore jeune mais extrêmement complexe et ancré dans ce territoire austère et solaire au ciel coloré.

On ressent les ocres de Montsant et la Llicorella qui transpire dans les vins de Mogador !

 

A bientôt amis Catalans, Viva Catala !!

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