Antoine Sanzay : le reflet des années en bouteille

Vins étonnants

publié le vendredi 08 juin 2018 à 10h00

Antoine Sanzay : le reflet des années en bouteille

Direction Saumur, et Varrains plus précisément au Domaine Antoine Sanzay. Passionné, je crois qu'on ne peut pas mieux définir l'homme au domaine éponyme. Etre vigneron, c'est avant tout prendre du plaisir et c'est ce qui contribue à donner une grande force dans un domaine où la vigilance est de mise. Surtout quand on se fie à la météo actuelle qui n'arrange rien. Pourtant, Antoine ne s'en plaint pas, même s'il a une grosse pensée pour ses collègues qui ont subi d'importantes pertes à cause du gel...

Les intempéries vont bon train et ses vignes se portent bien, c'est certain. Mais qui dit trop d'humidité signifie plus gros risque d'attraper des maladies. Converti à l'agriculture biologique, le vigneron explique qu'il est important de passer dans les vignes chaque jour pour contrôler l'évolution des grappes. Une contrainte ? Pas vraiment, car pour lui, c'est un besoin et une envie de pouvoir retrouver ses vignes le plus souvent possible. "L'essentiel du travail se passe dans le vignoble, c'est la base !" affirme-t-il. De cette manière, il réduit avantageusement les apports en cuivre en augmentant la fréquence jusqu'à deux fois par semaine quand les caprices du temps ne cessent pas.

Axé en permanence sur le végétal, il se plie à une grande rigueur de tri pour ne garder que les baies les plus gouteuses. "On a tendance à oublier que le raisin est un fruit avant d'être vinifié en bouteille et qu'il est justement essentiel de conserver son goût sans le dénaturer, explique Antoine. Mais ce qui est important, c'est de se laisser surprendre par le vin ! On s'attend parfois à quelque chose de précis et en goûtant, c'est tout autre chose et c'est surprenant. J'aime jouer avec mon terroir et particulièrement avec les expositions Sud/Sud-Est, Nord/Nord Est, jouer sur les contrastes sur différentes cuvées."

S'il y a un vin qui l'a particulièrement surpris, c'est sa cuvée Les Salles Martin en Saumur Champigny, millésime 2017, vinifié en rouge. La pureté du fruit l'a tout simplement bluffé, issu de ses 19 ares en cabernet franc. Il sera produit en septembre donc il va falloir encore un peu de patience pour goûter ce petit bijou. Pas question d'ailleurs de presser les choses, Antoine Sanzay élève ses vins pour une durée d'un an, un an et demi, pour toutes ses cuvées pour qu'elles donnent absolument le meilleur d'elles-mêmes. Simplicité et patience sont ses maîtres mots à l'image de ses fameuses étiquettes en kraft pour nommer les bouteilles comme vous pouvez le voir ci-contre. Pourquoi ce choix d'utiliser du kraft ? Un seul code couleur qui rappelle l'ocre/brun de la terre, qui est intemporel et en même temps très identitaire. "Ce qui est plutôt comique, c'est que c'est devenu ma "marque de fabrique" sans le vouloir parce que peu de gens l'utilisent. Pourtant, dans la région, je connais un vigneron qui a également fait ce choix au lieu de l'étiquette blanche classique... et on m'a rapporté avoir vu mes vins alors qu'il ne s'agissait pas du tout des miens. Comme quoi, l'identité visuelle a un impact sans forcément en avoir eu la démarche au départ." Au delà de la puissance du papier, ce qui lui importe c'est la sincérité dans son travail, l'émotion qui se dégage de ses vins. "Le vin est bon quand l'homme est bon, bien dans sa tête. On fait corps avec la bouteille. On y met de nous-mêmes forcément," précise-t-il.

Il a toujours rêvé d'exercer ce métier et reste très exigeant avec lui-même, en 16 ans, peut être seulement trois cuvées sont arrivées à correspondre à ce dont il rêvait, un vin parfait. De l'exigence, oui c'est le cas, car il est aujourd'hui considéré comme la star montante de l'appellation Saumur-Champigny. Mais il ne recherche pas la notoriété même si les compliments font toujours plaisir. Pas de fausse modestie chez lui, il a besoin de ressentir les choses, tout est viscéral et son vin, c'est comme sa famille. "Pour apprécier et comprendre un vin, il est obligatoire de comprendre l'année en cours et de respecter la nature comme elle est, accepter l'année telle qu'elle est. Cela ne sert à rien d'essayer de reproduire un millésime sur une autre année, parce que justement, aucune année ne se ressemble, chacune fournit quelque chose de formidable même si certaines sont parfois plus mémorables que d'autres".

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