Clos des Baobabs, sous le soleil du Sahel

Vins étrangers

publié le mardi 21 décembre 2021 à 12h35

Clos des Baobabs, sous le soleil du Sahel

 

Aux confins de Dakar, sur les terres de Nguékhokh, le Clos des Baobabs déroule son carré de vigne en pleine brousse, jardin de paradis, au bord de la forêt de baobabs. Un parcours dionysiaque pour Philippe Franchois et François Normant, qui ont initié un projet aussi insolite qu’audacieux : créer ensemble le premier domaine viticole, expérimental, du Sénégal. Un rêve partagé. (Texte de Lucie d’Incau)

 

 

C’est un petit domaine dans la campagne, une idée de vignoble plus qu’un vignoble. Avant d’arriver là, au bout d’une piste, on se sera perdu un peu, l’attention distraite par le paysage de sable, d’épineux et de baobabs. Mirage des confins. Le Clos des Baobabs respire l’air du Sénégal, tel qu’on le rêve. Un carré viticole en vert et bleu. Si Philippe Franchois et François Normant étaient destinés à avoir de la vigne, ça ne pouvait être qu’ici, à Nguékhokh, sur cette terre de brousse, vibrante et colorée. Représentation unique d’un projet unique, qui réunit, au hasard d’une rencontre, deux français amoureux du Sénégal, venus « sublimer leur vie ». Et tenter quelque chose de spécial dans une région tropicale. Et un monde musulman. Défi d’un projet viti-vinicole pour Philippe, natif de Dakar, qui mettrait le Sénégal sur la carte des pays producteurs. Défi d’un projet agricole innovant pour François, expatrié, qui a acquis, non loin du littoral de la Petite Côte, un îlot de 10 hectares remembrés. Un terroir aux portes du Sahel.

 

En janvier 2013, 3 hectares de vigne sont plantés sur des sols impitoyables, en bordure de la forêt de baobabs. Des lignes de grenache sur 2 hectares. Et 1 hectare, complanté de cabernet sauvignon, cinsault, sangiovese et syrah. « Champ expérimental » sous un ciel azur, parfois voilé d’un nuage rose, importé par le vent brulant de l’harmattan. La sècheresse qui caractérise la zone ayant poussé les vignerons à installer un système de micro-irrigation par forage, à 180 mètres de profondeur. Il n’en reste pas moins que l’obstacle majeur à surmonter était de provoquer la mise à fruit sur des plants originaires de France, en l’absence de repos hivernal. Casse-tête climatique résolu par une levée de dormance artificielle, en badigeonnant les bourgeons. Le choc thermique déclenche la période de reproduction. Exploration tannique merveilleuse du grenache à fruits noirs. Le matériel végétal défini donne une première vendange mini, en juillet 2014, puis une deuxième, en avril 2015. La troisième, en juin 2016, avec 300 bouteilles. Ne comptez pas sur le millésime 2017, aussi petit soit-il... Quelques bandes de petits singes chapardeurs ont mangé presque tous les raisins, malgré les filets. Autre prédation ; les termites et les rats palmistes, qui boivent l’eau du goutte à goutte et grignotent les tuyaux. Beaucoup de sable et un peu d’argile. Abdoulaye Ndiaye promène sa charrue, attelée d’un seul cheval, qui fait un simple sillon.

 

 

 

De la terre d’Afrique jaillit le merveilleux

 

Quoi de mieux pour représenter le Clos qu’un baobab. L’idée est simplissime. Mais le design va beaucoup plus loin. La seule présence de sa silhouette, sur l’étiquette, décline l’ancrage, prouve encore plus l’attachement à la terre d’Afrique, à la vigne et au vin. Philippe et François ont choisi pour symbole l’arbre emblématique du Sénégal. Icône de la savane, aux branches qui ressemblent à des racines, dressées vers le ciel. Le graphisme épuré a tout naturellement trouvé sa place sur les bouteilles. L’envie de raconter par l’image des merveilles, comme pour conserver, restituer intacts le mystère des paysages, la magie des émotions. Une invitation irrésistible au voyage. Une ouverture intime sur un morceau de nature sauvage, qui décrit le terrain de jeu viticole.

 

 

Le rituel des gestes de la taille, les vendanges manuelles, confirment la dimension éthique, matérialisée par la contre-étiquette. Un engagement éco (et) logique. Après huit années de quête, d’obstination, de doute, après huit années passées à expérimenter, le duo de vignerons pionniers fait enfin goûter son incroyable « millésime 2020 », préservé d’herbicides, qui cassent les forces vives. Un immense grenache qui décroche l’agrément alimentaire, délivré par le Sénégal. Un vin de fruit et de soleil. Un travail d’alchimiste en somme, pour une pépite, tirée à moins de 1000 exemplaires. La première œuvre viticole et œnologique de l’Afrique de l’Ouest. Le rouge mordoré, aux tanins fondus, affiche quatorze degrés, un trait d’esprit de datte et de pruneau, avec des notes de cassis, mûre, framboise, vivifiées par l’acidulé d’un bonbon à la cerise. On est dans le raffinement des fruits rouges, l’exubérance du fruit exotique, le piquant des épices. Rondeur et volupté. Quoi de mieux pour garantir un équilibre harmonieux avec le « tiep bou dièn » – plat national à base de riz et poisson – ou un « yassa poulet », aux oignons et citrons. Les flacons recherchés témoignent d’un marché des vins rares. Mettre en désir le terroir. Et le Clos… La qualité inédite et la quantité ultra-limitée maintiennent leur réputation et l’attractivité. À travers l’aventure, enracinée autour de « l’arbre à palabres », émerge l’idée d’un espace d’échanges. Et de dégustation. Quelque chose comme un bar haut perché, caché dans les ramures d’un grand baobab. Douce expérience que de boire un verre en immersion dans le vignoble, avec vue incroyable sur la forêt des géants. Un rêve d’enfant.

 

L. d’I.

 

www.clos-des-baobabs.com

 

winameeTeam

par winameeTeam

La winameeTeam vous propose des articles quotidien rédigés avec nos partenaires et amis.